SONGE TOUBAB

Publié le par Pierre Sirère

SONGE TOUBAB

je pense à vous, en toubabie, ce matin, un comme les autres, je pense à vous.

il fait gris, méme si il fait beau, le gris est dans la téte, un fond d'écran d'une télé en panne, saturation d'images, informations inutiles,  publicités sans intérets,  discutions assorties, compétitions débiles,

je pense à vous.

Dans le Koria les tisserans chantent, seul un travaille à réparer un nid qui menace de tomber suite au vent de la nuit.

Il se pose sur le palmier, choisit une palme vieillissante, d'un coup de bec sectionne un bord de feuille, le coince dans son bec, se laisse tomber de tout son petit poid, et part avec ce fil de palme recoudre son nid.

je pense à vous.

Sur l'autauroute, sur les rocades, grises aux panneaux de pub, reflexes et pressions, radio Nostalgie, tendance "c'était mieux avant", la montre, la course contre, la conduite raisonnée, encadrée, verbalisée, névrosée, dans des véhicules asceptisés, normalisés, sécurisés, gris métallisés,

je pense à vous

Chez l'hydropotame, notre éléphant bleu à nous, ici tu attend en buvant le café, mon vieux Toy créme est.assez latérité tendance  crépit de poterie. J'ai touché deux fois le goudron pour m'y rendre, j'aime traverser les quartiers, surtout le dimanche, des enfants, pleinsss!!!, des moutons et autres biquettes, on a lavé les chevaux, ils séchent au soleil, les hommes palabrent à l'ombre, les femmes papotent à l'ombre à l'intérieur, ils se retrouveront autour du thé tout à l'heure, on me salut, j'ai le poignet et la main leste à la réponse,

je pense à vous.

"temps libre", organisés, tarifés, sportifs, télévisés ou non, des hobbys plus invraissemblables les uns que les autres, les commentaires et discutions qui en découlent, futiles, inutiles, une nature, régulée, organisée, parquée,réglementée, des activités pour les enfants et pour les vieux, le temps du partage coute trop cher,

je pense à vous,

En ce moment on défriche, on laboure, certains ont déjà semé, on béche, on rascle, on se plie sous le soleil,  dans les marchés de brousse on spécule sur l'arrivée de la pluie, les fraises sont bientot finies, les mangues commencent, les pommes cajous suivront, j'irai plus tard choisir un cochon fructivore, ils sont super bons à cette époque, comme l'année derniére je vais courrir, tomber me relever et finir par l'attraper, sous les rires et les hourras de la moitié du village prévenu par mon vendeur.

 A l'océan e courant vient de changer, les poissons aussi, on prépare les filets, on va pas tarder à revoir des calamars suivis par tout leurs prédateurs,  enfin c'est ce qu'il se dit sur le port, j'ai dit au vieux sénateurs de me prévenir quand il y aura une belle piéce de thon rouge.

je pense à vous.

Pizzas, Mac do, cafét Flunch,  formica et mélaminé triste, enseignes criantes aux lumiéres vulgaires et polluantes, des formules,  du surgelé, plats cuisinés, origines improbables, agriculture sous perfusion, controlée, perte du gout, le dégout, les égouts, se nourrir sans plaisir, sans partage, sans saveur. parler à midi de ce quel l'on va manger le soir, et le soir demain, réver de produits inaccessibles, de vrais faux et de faux frais. Le "fooding" le circuit court, le bio, le raisonné, le "comme avant", avant le produit, la marque, le label, la grande grosse internationale distribution, de poisons,.de conservateurs, colorants, nano machins, d'antibiotiques, de pesticides, d'OGM,  j'en passe et des pires

Je pense à vous.

Le petit Falou vient de passer, chercher des citrons, j'ai un citronnier dans le jardin, il repart avec une bonne dizaine, ceux qui sont tombés dans la nuit, Coumba sa maman vient plus tard, m'inviter, j'aime bien manger sur la natte,  toute la famille et un peu plus est là,  un gros plat en inox, du riz rouge, des légumes du poisson, j'aime la délicatesse du partage, les petits doigts qui me mettent dans mon coin des bouts de poissons et de légume, plus tard en buvant le thé, les animaux finiront la gamelle, juste aprés le fou du quartier qui vient chercher sa portion quotidienne.

Je pense à vous

 j'en  croise sur le goudron, fier de compétitions stériles,  grandes maisons vides,  piscines chauffées,  4X4 suréquipés, panoplies complétes,  Sénégal des lodges "prout prout tagada", réserves et autres parcs à touristes finne vanne raciste facile,  critique affleurante au bord des lévres, aveugles, imperméables, paranos, intoxiqués à la peur de l'autre, malade d'un mal invisible, une sorte de phobie du bonheur, de peur de l'humain qui est encore un peu en eux,

Je pense à vous 

Ici, ailleurs, partout sur la boule, il ne sert à rien d'agrandir son enclos, si on ouvre pas sa porte.

 

 

 

 

 

SONGE TOUBAB
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A
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une découverte et un enchantement.N'hésitez pas à venir visiter mon blog. au plaisir
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P
Merci, à l'occase why not ? mais là suis en saison, suis avant tout restaurateur au Sénégal, pas trop le temps, la saison n'est pas finie...
Y
C'est finalement tellement normal qu'on soit sur la même longueur d'onde...
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O
Tout à fait ! Lorsque les mots nous touchent, les idées se rejoignent.