Dédé a filé

Publié le par Pierre Sirère

Dédé a filé

AAAAhhhhh !!!!!! le Psychédélic Circus, c'est un livre, en plusieurs tomes qu'il faudrait, ou faudra, selon ce qu'il restera, passer d'Arles sur tech mobylettes rugby potes fils de petit notaple local, à une saison en tant que Light jockey au Psyché, c'est simple, suis arrivé jeans moulant chemise bowling, je suis reparti perfecto créte rangers et serpent brodé dans le dos,pèt de beu et Fringanor, des gellules sang et or en vente en pharmacie,des coupes faim,  interdites aujourd'hui, heureusement y a pas de photos
Tout mes vieux potes étaient moitie junky,moi non, j'ai peur des piqûres, l'héro, "el cabaillo" de l'autre coté de la frontiére avait fait de gros dégâts, les survivants se géraient tant bien que mal, parmis ceux là il y avait "Dédé", Dédé bébillon, c'était son nom, enfin je crois.
Dédé en fin de carrière était redoutaple, c'était le plus grand "planteur de drapeaux" de la cote, et mème de Perpignan, il devait de l'argent partout, plantait tout le monde mais avec un talent certain, celui de la disparition au bon moment.
il arrivait tard, défoncé, me faisait appeler par les portier, pour lui dégager une place de parking devant la boite, il avait une belle traction blanche, arrivait au bar, et immanquablement tombait sur des amis qu'il invitait, en me lançant un clin doeill entendu, "ce soir je règle, t'inquiètes "
Avoir un Dédé en soirée implique qu'une partie de votre attention est monopolisée, à quel moment vat il disparaitre? et surtout avec quel subterfuge, quand on a une équipe de jeunes, défoncés aussi, à part la sécu, quoique différemment, et que soi mème on ne sait pas dire non, le sport est trés technique.
Souvent, il me faisait signe d'un roulement de poignée suivi d'un pouce baissé, ça voulait dire " note, je passe en bas ", en bas c'est au Syncro, une autre galaxie, l'endroit ultime, j'y ai été DJ, puis directeurs, une vie en suspend, un everest de la nuit, clés numérotées pour entrer, 75mt carré, 200 personnes certains soirs.
Je traversais le Syncro pour aller déposer la caisse du Psyché, Dédé était là, coupe de champagne, apparemment deuxiéme bouteille, il ne sera plus là à mon retour, il a profité d'un "kid créole live " pour disparaître, je le retrouverai demain aux templiers, ou au petit cafe à Collioure.
Levé tot, 15h30, café, passer à la compta valider les commandes, debreafer la soirée, café, café, distribution des flyers et des affiches à l'équipe, pour faire ronfler une soirée étudiante, et direction Collioure, ou je flyerai sans chercher Dédé, il sera, soit au templier, soit au petit café.
Mes fils petit disaient-" Papa, il aime que les voitures en fer", ils n'étaient pas nés et je roulais en Peugeot 203 noire, intérieur en bébé skai rouge, surpiqûres blanches, toit ouvrant, j'en ai eu deux, j'adorais cette voiture, "always the sun" des Stranglers en cassette sur mon Clarion.
La route de l'époque pour aller à Collioure est une chanson de Trenet, sinueuse, enjambant des collines de vignes en espalier, la belle bleue à gauche, on entend les grillons, on croise quelques potes qu'on salut, négligemment de la main pendant de la portière, la grande descente, prendre à gauche, on pouvait encore rouler jusque au clocher à l'époque, une tronche à gauche, je ralentis, c'est "Le Monstre".
Je l'accoste
-" t'es sorti quand ?"
-"dis moi pas bonjour figure de poulpe.... ils m'ont  libéré hier, vice de procédure, bon avocat"
il me confirme la présence du "planteur de drapeaux" dans le secteur.
En passanr devant "L'Ambiance", je jette un malencontreux coup d'oeuil au balcon de Jean Marie le tatoueur, qui me voit, et me fait signe de monter, je le quitte 1h plus tard, monde refait à grand coup de bon tarboul, je vais finir par louper l'apéro.
Appuyé sur l'aile de mon bagnole, Rantanplan, téte de cheveux à la frisure improbaple,joueur de caisse claire, d'ou son surnom,  look de marin, il l'est aussi, il m'attend.
-"On m'a encore refusé au Syncro vendredi dernier...."
le Syncro à l'époque était un Everest de la nuit, le graal, on y venait de partout, et on y trouvait ce pour quoi on était venu, une forme d’intemporalités, je serai obligé d'y revenir le lieu mérite mieux qu'une phrase pas terrible.
-"Rantan, t'es arrivé à 6h30, on était à bloc, mème plus la place d'un glaçon, la prochaine fois, arrive plus tot, passe au Psyché, et je te ferai passer par l'escalier personnel..... t'as pas vu Dédé ?"
-" Mouai, il est au petit café je crois"
A pied, je finis par rentrer dans la carte postale, apparemment si Dédé est là, il n'est pas seul, j'entend mème l'élicon de Chazot, la fanfare des Bizars en version raccourcie doit répéter un morceau en impro totale.
Les illustres membres de cette fine équipe de musiciens amateurs, sans se le dire, et de maniére impromptue se retrouvent à l'apéro le soir, et forment des trio ou des quarto, ou des nmpotequoito, qui donnent des fois des "Peter gun" des Blues Brothers, au gazou, caisse claire et hélicon, d'un trés bel effet.
Il est là mon Dédé, au milieu, veste jean pierre tergal, teeshirt David Bowie, à faire le show, il est à donf, vraisemblablement  déf, Rayko le patron le surveille, lui aussi, on va devoir se le partager, à moins qu'il nous échappe.
aaahhhh!!!! l'apéro à Collioure, une véritable bande dessinée d'humanité, que des acteurs, des vrais, de ceux qui font pas semblant, un pur moment, j'entend une pétoire qui s'approche, une vieille BM, c'est Frantz, Reiser, le fils de l'autre, il joue aussi avec la fanfare, mais en moto trimballer son trombone à coulisse...
J'aime bien Frantz, il est autant d'ici que de Paris, de part sa filliation il a accés au milieu branché intello de Paris, et me donne les derniéres tendances, toujours de bonnes infos.
Faute grave, j'ai oublié mon Dédé, il est plus là, je regarde Rayko, il est allé changer un fut de bière, on se sourrit, et on boit un coup à sa santée.
Dédé a continué son chemin, en descente, j'ai pas connu beaucoup de junks qui s'en son sortis, c'était devenu un bon cuistot avec une sale réputation, on ne faisait appel à lui qu'en dernier cas, ou pour le sortir de la merde, il a accéléré sur la fin, on l'a retrouvé un matin de septembre, dans sa vieille veste Jean pierre Tergal, assis au volant de son vieil expert renault, qui était aussi un peu sa maison, la pompe encore dans le bras, mort d'une OD, garé devant le cimetière de Collioure, belle disparition, au bon endroit, une belle sortie.

Publié dans psyché, syncro

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