tant que faire se peut

Publié le par Pierre Sirère

tant que faire se peut

A son arrivée ce qui étonne le plus le "champion", c'est le service.

AU Sénégal du service il y a !

Au supermarché, on vous donne un carton, on vous le rempli, et on vous le charge dans la voiture.

A la station service, pas la peine de descendre, on vous fait le plein, on vous nettoie le parebrise, monnaie facture, du coup 100fcfa de plus pour regonfler les pneus.

Payants certes, mais ce sont des sommes tellement dérisoire, et puis ça aide toute une famille, et vous savez, les familles sont grande ici.

Trés peu de champions y échapperons, un tout petit nombre, changer de personnalité lorsqu'on arrive est trés tentant, ici, avec un SMIG, on est riche, on a le salaire d'un prof de fac.

"Faire faire" alors qu'on a fait toute sa vie, c'est humain d'un point de vue. "Toubab",

Ceux qui y arrivent sont ceux qui ne changent pas, et ils sont pas nombreux ceux qui sont comme ça.

En "Toubabie" on aide beaucoup, mais par télécon, et autes supterfuges, on leur a donné l'aide comme un produit qui s'achéte, on leur a vendu, comme le reste, le temps, le bonheur, tout s'achéte, se vend, est coté en bourse.

Pas facile de passer de :" le temps c'est de l'argent", à ici., t'en veut du grand écart, y en a.

On en balance de la tune pour les pauvres les sinistrés des pays pauvres, on en a des bonnes grosses opérations commerciales, on achéte le droit de dire on a donné.

Au bistrot, à l'apéro, alors qu'on est en train de fanfaronner avec les potes, la plus belle, celui qui a la plus grosse, moto, voiture, propriété, comme quand on était petit, celui qui pisse le plus loin.

-" Mamadou tu veux bien aller me chercher un paquet de clope, des Marlboro rouzeee "

ca peut donner aussi -"éh grand! va chercher des clopes"

à son retour, on laisse la monnaie, 300fcfa, royal au bar.

Pour des papiers, liés à sa propriété, il ne se déplace pas, à un homme de confiance, Omar connait toutes les ficelles

Partout, tout le temps, nuit et jour, le champion régle ses petit tracas et grosses galére, à coup de billet en conséquence.

Au fil du temps, il a sa "dream team", il connait des commandants, des politiques, des financiers, les meilleurs biensur, pour les autres, c'est le meilleur mécano, plombier, jardinier, son antiquaire personnel qui dépatouille les basses histoires, bref le maximum de la totale.

Il rencontre d'autres personnes qui elles ont eu gratuitement le papier de son ami Omar, a lui a couté 500 000 fcfa, tu m'étonnes qu'Omar ne répond plus au téléphone, il savait qu'un jour il comprendrait.

Il commence à compter, se dit qu'il est temps de s'y mettre, arrêter le "faire faire", pour passer au "faire" rek, il navigue entre les deux pendant longtemps, entre victoire et grosses déceptions, trahisons, mensonges, il réalise l'argent et le temps perdu.

Pour ma part je suis de la génération, mécano, Lego, cabane,meilleur copain fils de menuisier j'aime voir et savoir comment marche les choses,tester, éprouver essayer d'aller au fond, on m'a assez vite confisqué la mallette du "parfait petit chimiste".

Chez madame Bartron, au CP, à Arles sur Tech, à 6 ans,, j'ai fait moi mème mon premier mot d'excuse, la maitresse m'avait dit qu'il fallait qu'il soit signé.

De mon écriture d'enfant, je l'avais rédigé, avec moultes fautes, et j'avais écrit à la fin : Signé.


ça a fait rire la famille, l'école, le village, et mème plus loin.
Ce mot, ma mère l'a donné à mon grand père, à sa mort, ma mère l'a récupéré, pour plus tard le donner à Nat ma femme. elle l'a dans son porte monnaie. il fait parti de l'histoire de la famille.

Je ne vous mentirai pas en vous disant que je charge ma voiture au supermarché, mais pour les choses qui coutent ou qui sont compliquées graves, j'essaye de faire par moi méme, ou je vérrouille au taquet toutes les étapes.

J'aime les gens,les rencontrer, et comprendre comment ça fonctionne.

J'ai bien sur mes prestataires de champion moi aussi, mais des collaborateurs éprouvés, au fil du temps.

A la fin des travaux du restaurant, j'avais plus d'argent pour la main d'oeuvre, ils m'ont tous dit :

-" Graoul, niofar, paye le matériel on t'offre la fin des travaux, on travaille ensemble depuis depuis..."

Ce jour là, j'ai compris que j'étais intégré, depuis, j'ai les prix Sénégalais, avec le transport en plus quand méme.

L'argent des organisations n'arrive pas dans mon quartier, l'argent qui arrive c'est celui du frére en "Toubabie", ou du "toubab" amoureux du coin, qui aide à hauteur de ce qu'il peut.

Ici, "on est ensemble", "nous avec nous", cette phrase je l'entend tout les jours, plusieurs fois,

et je commence à y croire.

Publié dans Sénégal, France migration

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