La prochaine Inchalaaaa .... 5

Publié le par Pierre Sirère

Le jour se lève à peine, j'ai bichon mon Louis, checkup total, niveaux fluides, pression des pneus, nettoyage intérieur, je dois me faire pardonner de l'avoir caché et abandonné toute la journée, pour aller faire le kéké en Jaguar....

Aujourd'hui un bon 800km,  de l'anti Atlas au désert, c'est mon tronçon préféré, hier soir j'ai appelé Ahmed pour le prévenir de mon arrivée, ...-"J' prépare tout, comme d'habitude .... Je n'en doute pas, je ne sais pas ou je vais dormir, ni ce qu'il va me préparer, mais à chaque fois je me suis régalé....

J'ai pris l'autoroute pour ménager le Funeste, le tronçon Marrakech Agadir n'est pas vieux, avant c'était un trajet dangereux, virages dangereux, bus surchargés qui roulent à fond, un rallye en montagne. Aujourd'hui on a tranché les montagne de l'Atlas, une prouesse technique, au milieu des arganiers et des chèvres escaladeuses, on surplombe l'ancienne route par endroit, je pense aux petits restos de bord de route ou je me suis régalé, il y a quelques années, ils doivent pleurer l'arrivée du progrès.

Sortie d'Agadir, l'inintéressant est passé, on revient sur une bonne vieille nationale, avec des moustachus royaux, en veux tu ? en voila, je suis en alerte permanente... je reconduis à l'européenne pour le code de la route, un oeil sur le conpteur, .l'autre  en analyse du contexte, j'enclenche mème le troisième ,spécial Afrique, animaux divers, enfants qui jouent, manœuvres improvistes, le marocain est trés inventif. Le coté corbillard aide beaucoup, dans le doute on me cède le passage, et j'en abuse pas mal .... 

Les distances entre les villages s'agrandissent, les étendus prennent place, de belles plaines aux maisons en cailloux, c'est assez sec, je m'arrête souvent, prendre de l'image, du souvenir, rien que pour moi. Comme à chaque fois un pipi en haut de la crête dans le virage qui surplombe l'immensité du désert... et s'est parti pour 2500 km spécial gémologue averti, première dune, premier troupeau de chameaux, de moins en moins de traffic, des moments seul au monde, je coupe la radio, et je jubile....

A droite l'océan, à gauche le désert, de grandes lignes droites, alterne avec des oueds merveilleux, il est 14h, déjeuner juste aprés le plus magnifiquement magnifique, dans un resto routier improbable, repéré depuis depuis, le parking est plein de camion en surchargés , comme un cheval à l'étable, Louis trouve sa place.

une grande salle de "resto", plutôt décrépit, assez sale,  assis au tables sales, un florilège de tètes patibulaires mais presque, j'aime ces ambiances western ou tout le monde se tait quand tu rentres.... Sur toute la longueur de la salle, derrière le comptoir graisseux, une rampe de bruleurs, une chaine à tajine, un préposé édenté les pousse au fur et à mesure, à gauche c'est cru, à droite c'est prêt.

-" Missiè, viande ou poisson ?" .....  ce sera du chameau, le poisson c'est pour ce soir.... confit à souhait, généreusement servi, je me régale...

-" Missié, ci toi li corbillard ? ti a crivi ...; si ti veux ji ripare..." ..

il s'appelle Omar, c'est un jeune homme au regard déjà marqué,  il rentre sur Layoune, il cherche quelqu'un pour l'y déposer... on répare et je l'embarque, les rencontres sont le privilège des voyages en solo, ça l'avancera pas mal...

Omar est un sahraoui , un nomade, un fils d'éleveur de chameaux, il est illettré, mais connait le désert comme sa poche, il a été envoyé à Tiznit par son père, pour le représenter aux obsèques d'un cousin, c'est le dernier de sa fratrie, celui qui reste pour s'occuper des vieux, ces grands frères sont partis étudier et travailler en France, et au Canada.  Il a profité de son voyage pour acheter le traitements pour un chameau malade, c'est un des reproducteurs, le plus beau, son préféré.....Il me raconte son enfance au grés des points d'eau, des caravanes, son aversion pour le monde extérieur, sa fierté d'être ce qu'il est....

On se quitte nouveaux amis, à Tan Tan plage, il préfère, Tarfaya n'est pas au bord des la route, je le dépose à la station des 3 chameaux, il trouve la suite du voyage avant que j'ai fini de faire le plein de Louis, pas cher, on rentre dans la zone détaxée... je garde son contact Facebook et son watsap, hashtag berbère connecté point com .... un jour peut être, inchalaaaa.

Sortie de Tan Tan plage, une zone de 10km au goudron neuf longe la zone des hydrocarbures,, limitation à 60km/h .... un piège!.... je rêvasse sur les pistes de mon nouvel ami .... un moustachu surgit du bas coté, le piège s'est refermé....

-" Gendarmerie royale ..... " il tient dans sa main le radar à main, le résultat tombe, 67km/h,  _" votre appareil, il a une puce mémoire ?" il me répond par la négative, ça mérite une négociation .... Je m'en tire avec un défaut de ceinture à moitié prix, et pose mon deuxième badge rose, à coté du premier, tel un trophée dont je me serai bien passé... et comme on dit jamais deux ....

Il faut quitter la route pour rentrer dans Tarfaya, Omar a bien fait, il aurait galéré, les dunes rongent le goudron, la petite grande ville apparait. C'est un ancien arrêt de la ligne Toulouse Saint Louis à l'époque de l'aéropostale, un lieu chargé d'histoire, à l'ambiance Corto Maltese, on ne le découvre pas par hasard. Je me gare devant la boutique d'Ahmed, c'est son grand fils qui est derrière le comptoir, il a bien grandi le bougre, un jeune homme à la moustache naissante, j'ai bien failli ne pas le reconnaitre.

_"bonne arrivée Missié Pierre, Papa est parti vérifier que votre appartement est prêt ..."

On met mon vin au frais, il sera frais pour l'apéro, je m'installe sur la terrasse du petit hôtel en face, qui est aussi à Ahmed, et déguste un thé à la menthe, plus on descend, plus ils sont petits, l'eau est rare dans le désert. Je vois mon Ahmed qui arrive et me fait signe de venir le rejoindre, accolade,  embrassade, il me dit que j'ai maigri avec un sourire malicieux, je lui répond que lui non, et qu'il commence à bien afficher l'embonpoint du notable qu'il est. On est juste devant le four communautaire, là ou le village vient faire cuire son pain, on y rentre et il me montre la merveille...

Dans une ouille en fonte cachée sous la braise, une sorte de bouillinade frémit

- " je l'ai mis dans le four ce matin, c'est presque prêt ..." je salive 

-" Hamed c'est beaucoup trop pour moi tout seul ... "

-" ji ti connais, ti n'est jamais seul ... on va voir l'appartement, ci t'un nouveau, -"ti me dira si c'est bien " ....Ahmed s'est diversifié encore, il retape et loue des appartements pour les ingénieurs de Siemens qui posent les éoliennes sur la cote, un trés bon plan m'expliquera t'il ... j'en doutais pas.... l'appart est top, meublé de neuf, télé, salon comme seul les arabes savent faire, lit aux groqqeq couvertures en poil de chameau, une place dans la cours pour Louis, on est bien garé. -" Je resterai deux nuit, ça pose un problème ? " Ahmed sourit et me laisse m'installer.

19h30, je vide Louis et rempli un sac de cadeaux divers et variés, je me rend au resto à pied,  histoire de profiter de la lumière rasante dans les rues pleines de mystères, de vieux bâtiments coloniaux décrépis longe ma balade, des enfants me suivent, je suis l'attraction.

Ahmed m'attend en terrasse avec Le gendarme de Tarfaya, son neveu, on est à la frontière du Sahara occidental, je dois me déclarer, c'est obligatoire, et c'est toujours un bon moment....

-" Nom Prénom des parents, Proufessions, niméro di passeport ..."....

on commente tout, on rigole, le rosé est frais, le cousin d'Ahmed qui tient le bar nous sert l'apéro,  j'offre les sucrés, et bien sur j'invite le neveu à diner....

Son oncle le Pharmacien s'arrète...

-" ti as vu  ? j'y porte la veste que tu m'avais donnée la dernière fois "

Encore une veste à papa, une jaune moutarde, une véritable Jean pierre Tergal, vestiges de ses années de démarcheur au crédit agricole dans les années 70, du bon matos,.... et un invité de plus....

C'est un "apéritif distribution" de cadeaux comme j'aime, depuis toujours, à Tarfaya, c'est cadeau....Mahmoud le responsable du resto pose le plat au centre de la table, un gros plat de cantine, au centre une courbine de 5kg, entourée de légumes confits, de petits crabes, et de crevettes rouges.... Mahmoud se joint à nous.....la table élastique se met en place, .... tout le village est plus ou moins de la famille .... à la fin il en restera .... je m'endors plein d'histoire de pèches miraculeuses .... 

 

 

 

 

 

 

 

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